Pourquoi ne suis-je pas inscrit sur les listes de l'université? Le temps que je commence à trouver ça bizarre et mes yeux se sont ouverts. Le temps de passer du rêve à la réalité, une pensée se forme dans mon esprit. Une montée de stress se produit en moi, les inscriptions aux examens! J'ai oublié de m'inscrire, je ne me souviens plus des dates auxquelles on pouvait s'inscrire, il ne fait alors aucun doute pour moi que ces dates sont toutes passées, il est trop tard, je me suis encore foutu dans un sacré pétrin.
L'an dernier déjà, au second semestre, j'avais oublié de m'inscrire, grâce à une lettre et à la clémence du doyen, la situation est arrangée, ouf! Mais refaire ça une seconde fois, j'ai peur que ça ne soit pas vraiment apprecié, particulièrement après un redoublement. Il reste encore un espoir, je me met frénetiquement à fouiller le site de l'université puis celui de la fac de droit, à la recherche des dates d'inscription aux examens, après tout il n'est peut-être pas trop tard. Après plusieurs minutes de vaines recherchers, proche de l'abandon, je tombe sur une date, les inscriptions sont à faire du 25 Octobre au 5 Novembre... 2004... Ils n'ont pas mis à jour, tant pis! Ca me fera une bonne excuse si les dates d'inscription de cette année sont toutes passées.
Je suis allez à la fac et me suis inscrit, tout s'est bien passé, ouf! Je me suis inquieté pour rien, mais au moins l'inscription est faite, sans ce rêve et ce coup de pression, j'aurai réellement été dans la merde pour cette année. Comme quoi, parfois, la vie fait bien les choses.
Printemps 1989: Paris XIII
Une nouvelle fois la routine à pris le dessus. Le train-train quotidien se fait maintenant sans heurts. Pierre et Laurent passent le plus clair de leur temps ensemble, dans la salle de classe. Le moment clé de la journée, c'est la sieste, le dortoir est immense, des rangées entières de couchettes en métal sont alignées. Une pour chaque élève, de deux à six ans.
Gizelle est aide dans l'école depuis deux ans, elle n'aime pas spécialement son boulot mais il y a pire. De toute façon elle n'a pas vraiment le choix, payer son loyer et nourrir ses gosses sont ses seuls impératifs, son travail, le seul moyen de les concrétiser. Encore des pates à la cantine ce midi, les heures qui vont suivre ne vont pas être de tout repos, elle peut déjà le deviner.
Effectivement, pendant la sieste, un, puis deux, puis trois. Le troisième c'est le petit Laurent, lui aussi a vomi sur sa couchette. La prochaine fois il machera bien ses pates, ça lui servira de leçon, sa grand-mère le lui avait bien dit. Mais en attendant qui c'est qui nettoie? Gizelle comme d'habitude.
La sieste, quel moment affreux, tout ces êtres paisibles qui s'endorment un à un autour de soi, dans ce noir angoissant, ce silence pesant. Jamais Laurent n'arrivait à s'endormir, cette heure il la passait seul, seul avec ses pensées. Pendant que les autres se reposaient, son petit cerveau s'agitait, se triturait dans tout les sens. Il pensait et pensait encore, attendant que le temps passe, attendant que les lumières libératrices s'allument, signifiant la fin de l'angoisse, et la reprise de la vie.